
Texte : Enzo Fourteau / Photographies : AnneCharlotte Guinot
02-07-2023 – Jour 3 – de Rossport à Sandilands
Tout a commencé dans le petit tonneau que nous avions laissé la veille. Je me sentais bien : la nuit que nous venions de passer ait été beaucoup plus confortable que dans la roulotte. Une autre longue journée de route nous attendait aujourd’hui, alors il n’avait pas fallu beaucoup de temps avant que je m’extirpe du petit espace caché dans le bas du baril. Nous avons ensuite eu un bon café devant le fameux lac Supérieur. Avec ses couleurs pastel propre à l’aube, je m’étais émerveillé et le chant des oiseaux qui se réveillaient avec nous ne faisaient qu’ajouter au tableau qui s’illustrait en cette heure hâtive. Nous avons finalement mangé, puis préparé nos affaires et, environ 15 minutes plus tard, nous repartions de nouveau.
À première vue, il est surprenant de remarquer que ce voyage semble très répétitif. Hors, j’ai l’impression que chaque paysage, chaque pierre. chaque arbre a quelque-chose de différent. Peut-être un jour en percerai-je le secret. Bref, y nous avons encore fini par nous arrêter à un Tim Horton’s, histoire de reprendre un énième café. Je suis d’accord, ça commençait peut-être à faire beaucoup, là. Je pense avoir reconnu un homme avec qui nous nous étions embrouillés plus tôt. Nous ne l’avons pas interpellé, Au final, la violence est vraiment stupide.
J’ai repris le volant jusqu’à atteindre un parc provincial abritant en son sein une belle cascade. C’était très beau, et même rafraichissant; Je ne prenais des gouttes depuis la balustrade. Cependant, toute bonne chose a une fin et nous avons du repartir.
J’ai laissé mon père conduire. J’étais fatigué et je pense avoir dormi une bonne heure à l’arrière de la voiture. Nous avions faim quand les 13 heures ont sonné et il était donc temps de trouver un endroit où nous revigorer. Nous avions fini par le trouver dans une petite plage reclue. La table a picnic nous attendait et ce fut avec plaisir que sous mangeâmes des sandwichs au maquereau sur ses bancs. Nous nous faisions encore manger par les insectes, après tout, on avait l’habitude. C’est dommage qu’on ne se soit pas changés pour aller nous baigner car nous avions décidé de ne pas y aller à en juger par la maigre profondeur du lac. Du temps perdu, aussi minime soit-il, est traitre dans ce voyage.
Nous sommes repartis et j’ai conduis environ une heure avant que la première chicane éclate dans le groupe. Nous nous étions trompés de chemin et cela, mêlé au stress et à la fatigue avait su inciter la colère dans la famille. Nous avons fini par nous arrêter pour faire un pont suspendu très peu incroyable et ça n’a pas aidé à réduire les tensions. J’ai senti l’odeur que prend la fabrication de papier et pas vous mentir, ça sentait vraiment mauvais. J’ai repris un peu la route et quand je n’en pouvais plus, c’est à dire environ 30 minutes après, ça explosé et ça m’a fait me sentir un peu mal. Ma mère nous a conduit jusqu’à la ville de Kenora. Nous avons pris une crême glacée et ça a fait du bien, les tensions, tout comme notre température corporelle étaient redescendues. Nous avons regardé les hydravions, puis nous avons essayé de visiter l’Eglise en surplomb du village et c’était désolant. Grillage aux fenêtres et portes fermées à clef, mêlés à la présence de beaucoup de drogués, ça sentait le péché. Nous sommes de nouveau partis dans un nuage de sauterelles (car il y avait beaucoup de sauterelles dans ce village) pour atteindre le Manitoba, où les autoroutes revenaient à une limite de 100 km/h. Nous avons même vu, plus loin dans les forêts qui longeaient le chemin, un orignal et c’est pas rien. C’est vraiment grand quand même.
Nous finîmes par arrêter à l’endroit où nous allions passer la nuit. C’était une petite maison jaune où tout respire le rétro et je dois avouer que l’ambiance était plutôt sympathique. Il y avait plein de vieilles bagnoles, certaines plus abîmées que d’autres et nous avons même vus le modèle de Hudson dans le film Cars. C’était vraiment bien, d’autant plus que il y avait des poules et des vaches derrière. Ensuite, la petite maison était encore devant un lac, alors nous sommes allés nous baigner. L’eau était plus agréable cette fois-ci et nous nous étions rendus au ponton pour profiter du soleil qui se couchait. Nous avons finalement mangé du très bon poulet sur la table extérieure avant d’aller dormir car nous étions fatigués.
La route avait été longue allait encore être longue et détail important, une heure de décalage horaire nous pesait sur la conscience.


















